De l'activité physique contre le "Covid long"

Les symptômes prolongés à la suite de la COVID-19 sont fréquents. Ce dernier se transforme alors en ce qu’on appelle un « covid long ». Pour lutter contre la persistance de ces symptômes, l’activité physique peut s’avérer être une bonne alliée. Ianis Mellerin, récemment élu médecin fédéral national et à la tête de la commission médicale de la FFEPGV ainsi qu’Emily Martineau, cadre technique national, font le point.

 Pour répondre à de nombreuses sollicitations sur les conséquences de l’infection au COVID-19 sur le déconditionnement cardio-pulmonaire notamment, et sur les préconisations éventuelles d’adaptation de pratique, la commission médicale de la FFEPGV et la direction technique nationale, ont souhaité vous éclairer sur ce sujet toujours d’actualité du COVID-19 et tout particulièrement de ce que le grand public appelle “COVID long”. Une thématique scientifique traitée à la lumière de l’actualité scientifique et des expérimentations de terrain qui permettra d’améliorer vos connaissances, d’améliorer votre pratique, pour vous animateurs, voire de proposer des actions concrètes si ce n’est pas déjà le cas dans vos territoires.

Activité physique et Coronavirus

Les coronavirus constituent une famille de virus dont certains peuvent infecter les humains, entraînant le plus souvent des symptômes bénins de type rhume. Néanmoins, trois épidémies mortelles sont déjà survenues au XXIe siècle, dont celle en cours. Elles impliquent des coronavirus émergents, hébergés par des animaux et soudain transmis à l’homme.

L’activité physique est un des piliers pour rester en forme, en bonne santé. Cependant si vous êtes malade, si vous avez de la fièvre, attention ! Des croyances sur un soi-disant bénéfice du sport pour « purger », « éliminer les toxines » ou encore une activité sportive de type « décrassage » en fin d’infection ou, pire encore, pendant l’infection, trainent encore trop souvent dans les conversations. Pratiquer du sport notamment en cas d’infection par le virus de la grippe ou au COVID-19 expose à des complications notamment cardiaques de type inflammation du muscle cardiaque par le virus lui-même (péricardite, myocardite), justement favorisé par la pratique sportive modérée ou intense. Pratiquer du sport (en dehors d’une activité de faible intensité de type marche) est formellement interdit lorsque vous êtes malade et pendant les 8 jours qui suivent votre guérison du virus de la grippe ou du COVID-19. De même, il est recommandé de suivre les conseils des cardiologues du sport qui ont édité 10 règles d’or de la bonne pratique sportive sur le plan cardio-vasculaire.

Le "Covid long" 

Les symptômes prolongés au suite de la COVID-19 sont fréquents. Ce dernier se transforme alors en ce qu’on appelle un « covid long ». La Haute Autorité de la Santé a récemment défini les symptômes prolongés du COVID-19, plus communément appelés COVID long, comme la persistance ou la résurgence d’au moins un des symptômes initiaux plus de 4 semaines après l’épisode initial, que ce dernier ait été ou non confirmé par un test PCR ou une sérologie, et non expliquée par une autre pathologie. Il concernerait un grand nombre de personnes, jusqu’à 20 % des patients selon la HAS, ayant contracté la maladie et pas seulement les personnes qui ont été initialement hospitalisées. Le caractère poly-symptomatique et fluctuant de ces manifestations cliniques - plus de 200 symptômes ont été répertoriés à la suite du COVID-19 (Davis et al. EClinical Medicine, 2021) - génère des interrogations et des inquiétudes de la population et des professionnels de la santé. La fatigue persistante est le plus fréquent de ces symptômes puisque sa prévalence avoisinerait les 50 % dans la littérature scientifique (Fu et al. Journal of infectiology, 2020). Elle est principalement la conséquence d’une perte musculaire globale liée à l’inactivité physique durant la COVID-19 (d’autant plus s’il y a eu une hospitalisation longue et/ou un séjour en réanimation). Cette fonte musculaire concerne aussi bien les muscles visibles (biceps, quadriceps…) que les muscles associés à la respiration (diaphragme, muscles intercostaux…). Le maintien du tonus de ces muscles est primordial afin de retrouver la forme antérieure à la COVID-19. La persistance de ces symptômes au-delà de 4 semaines s’apparenterait aux symptômes persistants déjà décrits dans les suites d’infections plus classiques pour lesquelles l’activité physique est préconisée (Cathébras et al. La revue de médecine interne, 2021). Aujourd’hui, cette activité physique reste le traitement le plus adapté du COVID long. Pour éviter une chronicisation de la fatigue et des multiples symptômes du COVID long, il parait nécessaire de rester actif et encore mieux de devenir sportif en rejoignant l’un des clubs EPGV en Île-de-France !

En pratique

Un encadrement adéquat
Les 4e assises européennes du Sport sur Ordonnance se sont déroulées le 11 octobre dernier au cours desquelles l’APA en « post COVID » a été abordée. Les retours de terrain nous ont permis de conforter le savoir-faire de la FFEPGV en matière de sport santé et valide la qualité de la prise en charge proposée dans le cadre du pack sport santé, y compris pour les patients en « post COVID ». Au regard de ces propositions et des connaissances posées par la commission médicale fédérale, il est important que ces pratiquants soient encadrés par des animateurs formés au sport sur ordonnance.

Travailler les 4 piliers
Les préconisations de pratique restent de suivre les recommandations de la Haute Autorité de Santé et donc de travailler nos 4 piliers : le renforcement musculaire, la souplesse, l’équilibre et la capacité cardio-respiratoire. En effet, ces 4 piliers répondent directement ou indirectement aux conséquences de l’infection au Covid-19 : fonte musculaire, difficulté respiratoire, perte d’équilibre, fatigue, fatigue intense au moindre effort, trouble du sommeil, stress, anxiété…

Du HIIT pour des pratiquants « covid long » ?
Deux études* attestent que la pratique du HIIT est sans danger pour les personnes souffrants de dysfonctionnement pulmonaire et respiratoire sévères ou encore ceux qui seraient en récupération cardiaque. Néanmoins, l’intensité de l’effort peut-être mal toléré.

Evaluer !
Comment faire les bons choix de priorités de travail pour les pratiquants qui ont des symptômes très différents ? La clé : l’évaluation ! Evaluer avec précision leurs capacités, leur motivation, leurs sensations. Cela signifie, être à l’écoute de leur évolution au fil des séances. Des évaluations intermédiaires sont ntéressantes pour ces profils. Le Dr David Hupin, membre de la commission médicale de la FFEPGV, préconise « un travail prioritairement en endurance et du renforcement musculaire, en adaptant non pas en fonction de l’origine des symptômes mais en fonction de l’âge, de l’antériorité de la pratique et surtout de la capacité physique évaluée ». Sans oublier « l’équilibre et la souplesse notamment pour ceux qui ont été hospitalisé », précise Ianis Mellerin. Les séances en autonomie sont possibles. « Les pratiquants ont besoins d’être rassurés sur le fait qu’ils peuvent pratiquer en écoutant leurs sensations et que cela n’aggravera pas leurs symptômes », souligne le Dr Hupin.

Article rédigé par I.Mellerin et E.Martineau, pour le magazine Côté Club#54

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