Taux de réussite (2015-2024)

Pratiquants séniors : qui êtes-vous ?

Avec plus de 340 000 licenciés, dont 197 480 membres de plus de 60 ans, La FFEPGV est la fédération la plus importante de France en nombre de pratiquants « seniors ». Il était donc normal que Zoé Chameau, de l’Observatoire des Pratiques et des Publics de la FFEPGV, s’intéresse aux différents profils de cette population dont le nombre ne fait que croître et pour laquelle l’activité physique est un enjeu majeur de santé publique. Pour mieux les conquérir aussi.

Depuis les années 2000, le « défi du vieillissement » de la population est entré au cœur des préoccupations du Ministère de la Santé et de la Protection Sociale : plan national du bien vieillir en 2003, plan national « bien vieillir 2007-2009 », plan national nutrition de santé entre 2011 et 2015 qui encourage la pratique d’une activité physique et sportive pour lutter contre les effets de sédentarité sportive dans le secteur associatif pour lutter et à la fois développer la pratique sportive chez le public seniors. Et plus récemment encore, présentation par le ministère chargé de l’Autonomie, le 21 février 2022, d’un plan visant à réduire de 20 % les accidents de chutes d’ici à fin 2024. Ce déploiement de politiques publiques favorise une croissance de la pratique d’une activité physique auprès de cette population.

PLUS DE FEMMES

Parallèlement à la hausse des pratiquants seniors, on s’aperçoit aussi que la pratique sportive se féminise : entre 2009 et 2015, elle a augmenté de 5 points tandis que celle des hommes est restée stable. Il est également à noter que pour les tranches d’âge de 55-74 ans, les femmes sont plus nombreuses à pratiquer une activité sportive que les hommes en France, en 2015. Ces résultats concordent avec les caractéristiques sociales des publics inscrits à la FFEPGV (en majorité des femmes, plutôt seniors).

DIFFÉRENTS PROFIL DE PRATIQUANTS

Dans ce contexte, une enquête de trois chercheurs en sciences sociales (Jérémy Pierre, Christine Caluzio et Pierre-Olaf Schut) (5) s’est intéressée aux modes de pratiques sportives du public seniors ainsi que leurs attentes et leurs aspirations dans deux départements français (Seineet-Marne, Essonne). Les trois activités physiques les plus pratiquées dans cette enquête seraient la marche, le vélo et la natation, ce qui semble correspondre plus ou moins aux enquêtes nationales faites à ce sujet, notamment par l’INJEP qui les classe ainsi : la course et la marche (39 %), loin devant les activités de la forme et de la gymnastique (15 %) et les sports aquatiques et nautiques (13 %) (3). Il est à noter que quelle que soit l’activité physique pratiquée, la quasi-totalité des seniors la pratique en loisir, la compétition n’attirant que 7,3 % des répondants. Leurs travaux ont donc abouti à une typologie de profils pratiquants seniors qui pourront nous aider à mieux identifier les critères de motivation de ce public aux profils variés.

LE SPORT-PASSION

Le premier profil sportif chez les séniors correspond aux seniors ayant un goût prononcé pour l’activité physique et sportive. D’après ces travaux, on observe que ces pratiquants sont souvent des hommes issus de la CSP « cadres » et « professions intermédiaires ». Ils sont plutôt attirés par le sport de compétition, pratiquent une activité physique régulière. Ils ont en moyenne pratiqués dans un club sportif au moins 15 années et considèrent l’activité physique comme un bienfait sanitaire pour lutter contre le vieillissement et la sédentarité.

LE NÉO-SPORTIF

Le second profil des pratiquants seniors correspond quant à lui à un public qui a découvert l’activité physique sur le tard. Ces pratiquants sont plutôt des femmes de CSP « employées », jeunes retraitées et plutôt attirées par la sociabilité associative dans lesquelles elles peuvent pratiquer des activités variées d’entretien tels que le yoga, Pilates, randonnée, danse, gymnastique d’entretien. Ces femmes pratiquent majoritairement au sein de la Fédération Française de retraite sportive et à la FFEPGV. Ce public ne cherche pas la compétition, mais est pourtant régulier dans la manière de pratiquer et plutôt réceptif aux recommandations des politiques publiques en matière de « bien- vieillir ».

LE SPORT-SANTÉ

Le troisième profil présenté dans l’enquête correspond à un public qui n’a pas d’attirance particulière pour l’activité physique, mais qui pratique quand même pour des raisons de santé (le plus souvent recommandée par leur médecin). Ce sont en majorité des femmes qui n’ont pas tellement d’expérience en club (seulement 3 à 5 ans contre une durée de 15 ans pour le profil « sport passion »). Elles sont également attirées en premier par l’activité de marcherandonnée favorisant la santé physique et psychologique. Pour elles, le sport est plutôt vécu comme une contrainte par rapport aux autres profils.

LES NON PRATIQUANTS

Enfin, l’enquête se propose d’analyser le cas des non-pratiquants dans lequel figurent deux types de sous-profils. D’abord, les individus qui ne sont pas attirés par la pratique sportive, le plus souvent « des femmes (72 %), peu diplômées, issues des classes populaires. Ces dernières sont d’ailleurs plutôt tournées vers leur famille que par l’entretien de liens sociaux à l’extérieur. Puis, à l’opposé, 31,9 % des répondants ne déclarent pas pratiquer une activité physique à cause de leur santé fragile. C’est le cas pour les hommes (56 % de l’effectif), avec un taux de cadres et professions intellectuelles supérieur à la moyenne et un vécu associatif significatif. On peut estimer que « les hommes sportifs ont plus de difficultés face au vieillissement, puisque la baisse de leur performance est moins bien acceptée que chez les femmes et hommes peu sportifs » (Feillet, 2000). Pour les acteurs d’offres sportives comme la FFEPGV, ce public reste à conquérir en leur proposant des activités adaptées à leurs besoins et à leurs aspirations. En conclusion, la catégorie senior reste encore aujourd’hui peu homogène et celle dont le taux de pratique physique et sportive est le moins élevé par rapport à d’autres classes d’âges. Néanmoins, comme l’attestent l’ensemble des enquêtes nationales (INJEP), ainsi que celle analysée dans le cadre de cet article, ce taux est en légère augmentation pour les seniors les plus jeunes, y compris chez les femmes.

Article rédigé par Vincent Rousselet Blanc (avec Zoé Chameau) pour le magazine Coté Club #56

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